Un mer de larmes, tombées d'un collier de perles arraché dans un accès de fièvre...
Avec son petit carré, son petit collier de perles et la toile de tapisserie tendue derrière elle, on aurait vite fait de cataloguer Eilen Jewell comme chanteuse proprette. Mais deux oreilles ayant déjà trainé sur deux albums nous invitent à y regarder de plus près : un gros tatouage orne le bras de la miss, et l'on devine le haut de deux santiags
(si, si, sur la photo à l'intérieur du disque, on les voit !). Eilen n'est pas une femme au foyer mais un foyer brûle en cette femme, sacré, le feu.
Autre malentendu de malentendant possible, son petit look fin 50' début 60's, et le son de l'album pourrait faire croire çà un de ses albums revival, à un joli retroviseur nostalgique. Que nenni ahuri ! Elle s'attaque à cette période comme le fait
Mad Men, la série qu'il vous faut avoir vue : si le décor 60's est impeccable, l'oeuvre est belle et bien neuve, d'une modernité impeccable sous le vernis de la brilllantine. Donald Draper, n'est pas Monsieur Roubignoles, Eilen Jewell n'est ni Patsy Cline ni Wanda Jackson. Elle arrive avec son timbre de voix, d'une sobriété rarement entendue depuis des lustres (depuis Gillian Welch ? depuis Margo Timmins ?), avec ce côté tigresse bouillante sous le Vichy rose de Dusty à Memphis.
Trois reprises et des compositions maisons, Eilen réussit de nouveau un grower, et une fois encore, elle modifie son son en rangeant l'harmonica du premier album et le côté folk du second, pour quelques belles nuances nuances rockabilly-soul et une "non-pedal steel" (?).
Codeine arms, le dernier titre, est à tomber, à tomber amoureux, un titre à vous faire verser cette mer de larmes avant de vous y noyer.
Troisième album. Troisième album indispensable. Mon compte est bon. Pas besoin de règle de Troie, l'abeille Eilen est un joyau qui vous pique au coeur, c'est écrit dessus. Un perle rare, avec des santiags.
Pas d'extrait : j'ai la flemme. Et puis, vous le savez, je ne poste plus ici que quand ça vaut le coup... ça le vaut. Vous êtes grands après tout...
(& Prenez les deux autres par la même occasion..)