jeudi, novembre 10, 2005

Passionnément...à la folie

Pas le choix, je vais devoir commencer par des superlatifs. Allez, je me lance: Chef d'oeuvre oublié, diamant noir schizophrénique. J'ai balancé les clichés, ça y est. Je peux donc parler de l'unique album de Alexander "Skip" Spence: Oar, publié en 1969.
Spencer a commencé à la batterie chez Jefferson Airplane (ne fuyez pas) juste parce qu'on trouvait qu'il avait une tête de batteur. Or, il a dû apprendre le métier sur le tas. Son caractère de cochon et les doses astronomiques de LSD ont fait qu'il est vite parti fonder Moby Grape (très bon groupe sur lequel je reviendrai bientôt).
Il y restera un an puis ira faire un séjour de six mois en hôpital psychiatrique après avoir détruit une porte de studio et attaqué deux membres du groupe. Le tout à la hache.
En bref, il ne s'est jamais remis de l'abus de substances, ce qui va se confirmer avec la parution de son premier et unique album solo: le splendide Oar. Attention, être fou ne garantit pas le génie. J'aurais très bien pu passer cet aspect de sa vie sous silence. Que James Brown ait pu battre sa femme n'affecte en rien sa musique. Mais, un peu comme Daniel Johnston, sa folie est indissociable de la musique qu'il produit.
Oar est un mélange de Folk-Rock, de Country, de Blues. Un album totalement maîtrisé par endroits, où le classicisme des compositions est d'une beauté à couper le souffle. Puis quelques fois, un grain de sable vient se glisser dans la machine. Les instruments ne jouent plus vraiment ensemble, ou jouent un peu faux, la voix passant du grave au falsetto, les percussions malsaines prennent le dessus.
Les chutes de studio qui accompagnent la réédition le révèlent: les morceaux auraient pu être bien plus expérimentaux. Seul un morceau de neuf minutes (Grey/Afro), au rythme hypnotique y ressemble. Cet album tient en équilibre grâce à la rigueur et aux limites que s'est imposées l'artiste.
Ce disque restera comme celui ayant les ventes les plus basses de l'histoire du label Columbia. Spence est mort en 1989, à la veille de la parution d'un album hommage incluant son fan de toujours, Tom Waits.

Alexander "Skip" Spence, extrait de l'album Oar (1969):

Diana (MP3)
Cripple Creek (MP3)

1 commentaire:

Ju a dit…

Bonjour,

Nous avons apprécié et choniqué cet album également :

http://www.desoreillesdansbabylone.com/2008/08/alexander-spence-oar-1969.html

Musicalement,

Ju