vendredi, septembre 30, 2005

Banzaï!


Je continue la tournée des vieilles popotes, l'actualité m'enquiquinant quelque peu. Donc je vais reparler de losers dont tout le monde se contrefout. Et alors là, Hüsker Dü s'impose comme une évidence.
Issus de la scène Hardcore des années 80, c'est vraiment le premier groupe à avoir mélangé le son Hardcore (mais alors très, très lourd) en hurlant un peu moins que ses petits camarades (au hasard Black Flag), voire même en mettant des mélodies sifflotables sous la douche (traitres, vendus!), une influence déterminante sur, par exemple les Pixies ou indirectement Nirvana.
Je rajoute que le bassiste avait la plus belle paire de moustaches de toute l'histoire du rock et qu' Hüsker Dü est le premier (et à ma connaissance l'unique) groupe Gay revendiqué de toute l'histoire du rock-qui-fait-du-bruit, si vous en connaissez d'autres, signalez-les-moi (que ça sonne mal ce que je viens d'écrire!) et pas Scissor Sisters SVP.

Le leader, Bob Mould a par la suite continué avec deux albums solo, essayé de concurrencer Frank Black pour le titre de plus gros chanteur du monde, a perdu, a alors fait un régime, puis formé un trio sous le nom de Sugar, mais ça j'y reviendrai bientôt puisque c'est un immense groupe. Depuis, il se partage entre sa vraie passion, le Catch (authentique!) et des albums solos sporadiques et dispensables.
L'autre tête pensante, Grant Hart a formé un groupe sous le nom de Nova Mob
Le bassiste moustachu est devenu chef cuistot.

Extrait de Zen Arcade: Chartered Trips (mp3)

jeudi, septembre 29, 2005

L'éternel mésestimé


John Cale va bientôt passer à Bruxelles. Allelujah! Je sais que vous vous en foutez, vous n'habitez pas Bruxelles. Alors pour ceux qui ne connaîtraient pas, voilà une biographie: il était dans un petit groupe dont j'ai oublié le nom et il ne s'entendait pas avec son chef, parce qu'il voulait faire du vacarme avec les instruments et son chef voulait pas. Alors il a dit que si c'était comme ça, il repartait au pays de Galles. Après il a sorti des albums.
Il est surtout connu pour avoir placé une chanson (même pas de lui en plus, elle était d'un Québécois dont j'ai oublié le nom, Gilles Vigneault?) dans la BO de Shreck, c'est au moment où tout le monde est triste. Alors un américain qui est mort, mais jeune, a fait une reprise du Canadien en pensant que c'était une chanson du Gallois.

C'est vrai que personne ne s'intéresse à lui, ou alors par intermittence: j'ai vu un concert de lui à Glasgow où on devait être douze dans la salle, dont les deux que j'avais traînés de force. Depuis vingt ans, il n'a même pas pu enrichir une solderie.

Et puis il n'a pas de chance de s'appeler comme ça. On finit toujours par le confondre avec ses petits camarades: JJ Cave et Nick Cale. A croire qu'ils l'ont fait exprès.

Quelques morceaux:

Buffalo Ballet de Fear (1974)

Helen Of Troy de l'album du même nom.

The Protege de Church Of Anthrax (avec Terry Riley)

Albums recommandés:
Fear
Paris 1919
Church Of Anthrax
en collaboration avec le musicien contemporain Terry Riley, dont il avait été l'élève. Fayot!
Fragments Of A Rainy Season:: concert accoustique, seul au piano ou à la guitare en forme de best of.
Words For The Dying: Un orchestre symphonique qui met en musique les poèmes de Dylan Thomas (poète Gallois, pour les béotiens), pari casse-gueule, pari gagné: son dernier chef-d'oeuvre.

Blagues pourries à part, le vrai taré du Velvet, c'est lui; l'autre imposteur a pris bien plus de crédit qu'il ne lui en revenait. Le son révolutionnaire du Velvet, c'est re-lui. Il ne l'a juste pas poursuivi sur ses albums, il était déjà ailleurs. D'ailleurs, dans les Beatles, j'ai toujours été pro-McCartney.

mercredi, septembre 28, 2005

Pour ceux que ça intéresse....

Il y a un concert invisible mais écoutable de Clap Your Hands Say Yeah! sur le site de Morning Becomes Eclectic (merci Itunes et les Podcasts).
Quant à moi, je reste plus que dubitatif sur ce groupe...

Message d'un largué complet (II)


Je me rends bien compte que les posts de ce blogue restent désespérément blancs et masculins. Ben quoi miche, t'aimes pas le rap?
Non, mais j'adore Erykah Badu, qui aime bien le Hip Hop comme je l'aimais bien à l'époque, et je trouve une minorité du r'n'b assez sympathique.

Dont acte:

Erykah Badu de Worlwide Underground

Back In The Day (Puff) MP3

mardi, septembre 27, 2005

Message d'un largué complet

Je me rends bien compte que les posts de ce blogue restent désespérément blancs et masculins. Ben quoi miche, t'aimes pas le rap?
Ben non. Je peux me targuer d'avoir porté une caquette avec la visière sur le côté et une grosse horloge sur le ventre l'espace d'un après-midi. Je me souviens, c'était le 16 septembre 1990. Je voulais faire comme Flavour Flav. On m'a vite rappelé à l'ordre en me disant que j'étais à la limite du crédible, javais oublié le chapeau haut-de-forme. J'étais jeune et enthousiaste.
Et puis l'arrivée du G-Funk a été le coup de grâce. Autant NWA avait un côté limite punk à l'époque, autant voir cette bêtise crasse se généraliser ne m'amuse plus du tout. Ouah, c'est moi que j'ai le plus gros flingueu et la plus grosse bagnoleu même que c'est une décapotableu et que les femmes c'est toutes les mêmeus. Assez d'indulgence avec ça!

Pourtant ça partait bien, je dirais même que le mouvement partait dans plein de directions: revendicatif avec Public Enemy, rigolo avec De La Soul, Del Tha Funky Homosapiens, porno-rigolo avec 2 Live Crew, profond avec A Tribe Called Quest, etc...
Il y avait de la joie et de l'insouciance dans cette musique. Et les dollars se sont abattus avec la violence de Katrina. Et qu'est-ce qu'on voit aujourd'hui? Des adorateurs de Tupac et de Biggie Smalls. Des femmes réduites au rang de vide-c### (même Missy a perdu du poids), une obsession de la richesse et du m'as-tu-vu, un océan de vacuité, un ouragan de clichés.

Musicalement, les innovations se comptent sur les doigts de la main gauche de Django Reinhart, et ne viennent que des producteurs les plus connus. Les soit-disantes marges sont inécoutables (vous arriver à vous farcir un album de la galaxie Anticon ou un Anti Pop Consortium en entier? Moi non).


Allez, j'en mets une que j'aime bien quand même.

Hansome Boy Modelling School: So...How's Your Girl.

The Torch Song Trilogy Feat. Sensational (MP3)



Oldschoolmiche

Je crois que je viens de tomber amoureux


Alors là, c'est vraiment ballot, comme dirait Thierry Roland, mais je ne connaissais The Band que de nom. J'avais bien lu leur nom quand je lisais Rock & Folk à l'époque où je le mettais sous le manteau et que j'aurais pu terminer au poste avec les oreilles comme celles de Monsieur Spock (maman, si tu me lis, c'est rien que pour rire, tu sais bien que je n'en étais pas capable, à l'époque). Je savais bien qu'ils avaient accompagné Dylan, que Scorcese avait fait un film légendaire sur eux (The Last Waltz, il me semble).
En fait je ne sais pas grand chose d'eux ni de leur carrière, mais le grand frisson de quand je sens confusément que je viens de découvrir quelque chose d'important est en train de me frictionner l'échine. Vous savez, ce sentiment diffus qui monte en puissance et qui ne veut plus lacher votre cortex pour lequel on continue à écouter de nouvelles choses.
Pour reparaphraser Edith Piaf je les aime toutes les nuits, en ce moment, et la boue à leurs bottes qu'ils ont en caoutchouc vert; et il me semble bien que l'envie irrépressible d'acheter un album recommandé par quelque critique, puis celui d'après, puis l'autre d'avant va se faire ressentir. Et dans trois mois, je deviendrai un expert incollable, voire un Ayatollah...
C'est pour ça que j'aime la musique, elle au moins ne vous laisse jamais tomber.

The Band, extrait de The Band.

King Harvest (1969, mp3)

lundi, septembre 26, 2005

Quand t'es dans le désert....


On va causer vieilleries, ça vous dit? J'allais parler du dernier vieux dont tout le monde allait causer dans une semaine ou deux mois, Joe Meek, un "génie" maudit des années soixante, mais j'ai même pas le courage tellement c'est de la daube. C'est vrai que c'était un serial killer qui a mis son amant et sa concierge découpés en morceaux dans une valise mais être un brin torturé ne garantit pas d'être un génie. Sinon j'aurais écrit Le bac G moi-même au lieu que ce soit cette buse de Jacques Revault. Ceci-dit, je prends un malin plaisir à torturer mon chat.
Non, c'est pour de rire. Je ne lui coupe que les griffes, il crie un peu mais il ne se rebelle pas trop, ma copine le tient. C'est pour son bien et il le sait mon chat.

Alors là après, j'ai vu des formes. Pas claires au début et puis trop après. C'était un gros chat pas content, mais gros hein, et puis deux autres. Ils m'ont un peu entouré et puis un m'est monté sur les flancs. Même pas une léchouille, rien. Et alors là, impossible de bouger, et puis un autre au bout de cinq minutes. Sur la nuque, et il serrait beaucoup avec ses dents, et mes amis avaient déjà déserté la scène, ils voulaient même pas me défendre. J'ai essayé de me débattre un peu mais impossible. Mes amis , qui étaient là avant, se sont un peu éloignés: ils avaient fait leur deuil déjà mais moi j'y croyais encore, alors j'ai essayé de me débattre un peu.Le deuxième chat me mordait la nuque de plus en plus fort mais je me doutais bien que la patrouille de la jungle allait débarquer...Le troisième, et ben il se léchait les babines de plus en plus: c'était le dominant je crois.

J'ai vu un doc animalier en me réveillant de la sieste et j'aimerais mieux parler de Mudhoney, le meilleur groupe Garage quand c'était pas la mode du Garage et que c'était la mode du Grunge mais c'était la mode du retour du Garage l'année dernière et ça ne l'est plus maintenant. Et puis non...


Mudhoney, de Piece Of Cake:

Blinding Sun (MP3) Ecoutez la chanson , mon post n'est pas si absurde après tout, je trouve.

PS: Méfiez-vous de Sarkozy, s'il n'est pas élysé il est capable lui-aussi de mettre sa femme et son gosse dans une valise. Je vous avertis amicalement, amis français.

dimanche, septembre 25, 2005

Les méfaits de l'embourgeoisement


Il y a maintenant longtemps, Mercury Rev nous servait une soupe non pas hallucinogène, mais toxique, avec plein de saloperies chimiques dedans, fabriquée dans un laboratoire de cuisine à l'hygiène plus que douteuse. De quoi voir apparaître des mygales au plafond, des crotales sur le sofa et j'en passe (je vous épargne surtout les clichés).
Et puis après une cure de réhab' carabinée Mercury Rev vient de nous sortir coup sur coup deux albums boursouflés et sérieusement embourgeoisés, nous parlant de leur nouveau 4x4 huit places (pour mettre femme et enfants dedans, sans oublier le labrador) et comment il est bon d'être marié mais en restant libre dans ta tête: bon comme du Phillipe Sollers.
Du coup, ils ont fait la meilleure publicité pro-drogue qui pouvait exister.

Mercury Rev extrait de Yerself Is Steam:

Frittering (MP3)

PS: Il existe un site de fans français de Mercury Rev.

samedi, septembre 24, 2005

Mon premier post en protège-tibias


La plus belle reprise de volée de l’année 2004 n’est pas signée Jack White, on peut à présent l’affirmer. Les statistiques ne mentent pas. Elle est signée Modest Mouse, qui après un début de carrière qui laissait voir de belles promesses s’est finalement révélé sur le tard, ce qui pourrait nous laisser entrevoir une fin de carrière à la Giresse.

On sentait bien un potentiel qui ne demandait qu’à s’exprimer et, heureusement, ce fut chose faite sous la houlette du coach Dave Fridmann qui sut leur inculquer la gagne.

En effet, malgré des coups d’éclat en coupe, on les sentait toujours à la limite du carton jaune à mettre des tacles par derrière, toujours s’engueuler avec l’arbitre. Bref, on sentait bien qu’ils ne respectaient pas les fondamentaux.

Leur nouveau coach a réussi à canaliser tant de haine pour les transformer en agressifs, mais dans le bon sens du terme après quelques retouches lors du Mercato hivernal.

Quand l’équipe trouva son équilibre, elle fit fi du cattenacio, oui, elle trouva la plénitude de ses moyens dans une sorte de football total qui fit s'extasier plus d’une gazette européenne, mais pas France Football.

Donc ils ne trouvèrent pas grâce aux yeux des hiérarques de la Ligue 1, encore plus rédhibitoirement sur le vieux continent à ceux de la Premier League, et ça c'est fatal.

Par contre, en Bundesliga et au pays où on boit de la Jupiler, les maillots de l’équipe se vendaient comme des petits pains.

Voilà pourquoi :

  1. Ils ont su la reprendre comme elle venait. Bé ouais, ça a fait poteau rentrant, mais les petits détails font les grandes équipes et Dieu sait qu'un match se joue sur un coup du sort.
  2. Il fallait prendre les matches les uns après les autres et Dieu sait qu'un match peut se jouer sur un coup de génie.
  3. Ils ont fait valoir leur combativité exemplaire sur the Moon And Antartica avant d’engranger les points, bien qu'il y ait eu des tacles à la limite de la régularité.
  4. Seul le travail a payé sur Good News For People Who Love Bad News, et heureusement qu’il n’y avait pas de tricheur dans le groupe, sachant qu'on est victorieux ou défaits ensemble.
  5. Finalement, la morale de l'histoire est simple : ils ont joué comme ils savaient le faire, sans se poser de question. La musique en sort gagnante.

Extraits de Good News For People Who Love Bad News:

The Ocean Breeze Is Salty (MP3)
The Good Times are Killing Me (Mp3) bidouillé par les Flaming Lips.

Promis, demain j'arrête ces enfantillages. En attendant, lisez le très bon blog de José Anigo.

vendredi, septembre 23, 2005

La causerie anti-caiprinha


C'est décidé, je ne parlerai plus que de trois pays: l'Ecosse parce que j'y ai habité un bout de temps avant de m'installer dans la fantastique Belgique, la Belgique donc parce que Deus et que c'est un pays où il fait meilleur vivre que dans mon sud-est de la France natal, et le Brésil parce que ça me fait rêver. Cette bonne résolution ne tiendra que deux jours environ. Alors autant ne pas perdre son temps.
Je commence en enfilant les perles:
Et puis non, j'allais écrire un texte plein de finesse sur les Brésiliens et leur sens du déhanchement, les gangs, tout ça...
Il y aurait eu plein d'humour, des saillies drôlatiques que t'en peux plus de te tenir les côtes sur la violence endémique, les travelos qui ne l'ont pas non plus facile chez eux, les footballeurs mercenaires... Et le courage me manque.
Le Brésil, c'est surtout une dictature qui a envoyé plus d'un artiste en prison et des gens qui se battaient pour leurs idées au moment où on hurlait qu'il était interdit d'interdire. Des innocents ont été mis en taule (j'en ai rencontré) et ce pour rien. Une société à deux vitesses qu'on se complaît à admirer vu de très loin. Des gosses de riches, des gosses de pauvres, et rien ne pourra jamais y changer quoi que ce soit, même pas Lula. Comparez par vous même:

Golden Boys: Berimbau (MP3) Un groupe qui secouait le cocotier, provoquant comme le dernier Houellebecq, mais pas sous dictature.
Bebel Gilberto: Berimbau (MP3) La fille de qui vous savez. Ceci dit, cela reste de loin son meilleur morceau, reste quand même qu'il sonne plus "classique" que son aîné..

jeudi, septembre 22, 2005

En fouinant sur le ouèbe

J'ai vu:
- une chanson inconnue au bataillon sur le blog des Flaming Lips. M'étonnerait pas qu'elle soit extraite des sessions en cours du nouvel album.
- que l'album Endtroducing de DJ Shadow a été repris par des bambins d'une classe de musique américaine, voir (en passant merci à SDEP pour l'info).
- que les Australiens (et pas Neo-Zélandais comme je le pensais) de Sleepy Jackson terminent leur album, produit par Dave Fridmann. Miam.

La main verte

David Baxter était un gars d'une douceur inestimable. Un Ecossais bon teint apprécié par ses collègues pour sa discrétion (la barbe est de rigueur sur la côte est Ecossaise) , son sens du devoir et sa compétence (remarquable sans être ostentatoire).
David sentait confusément qu'il avait quelque chose qui someillait en lui, le titillait. Une frustration, un potentiel. Chaque jour, en allant au boulot, en traversant le pont qui reliait Edimbourg à son Fyfe natal. David croisait des collègues laborantins pourtant pas moins doués que lui (un Lone Pigeon par exemple, des Beta Band, un James Yorkston) récolter des louanges qu'il aurait, lui aussi, plus que méritées.
Il savait que sa capitale avait abrité un certain Docteur Jekyll, qui avait laissé sa trace dans les ruelles d'Edina.
N'y tenant plus, Baxter fit appel au laboratoire Balco de la musique pas joyeuse: ceux qui avaient transformé de modestes joggers tristounets en champions olympiques de la larme à l'oeil. Ce labo était une multinationale qui avait un pied sur son île, l'autre outre-Atlantique, ça pourrait l'aider à se transformer en bête de concours, en nobélisable. Et sans leur vendre son âme par dessus le marché.

Vous vous doutez bien que l'histoire ne pouvait que se terminer mal. Parce que c'est toujours comme ça dans une histoire un tant soit peu morale.
Ben non, même pas. Le laboratoire en question s'appelle The Earlies (voir le post précédent), le cobaye en question King Creosote. Son album KC Rules OK. C'est une sorte de best of réorchestré.
Il joue du folk, du genre de celui qui marche sur une poutre de cinq centimètres de large. Et autant il pouvait tomber à terre de temps en temps, autant The Earlies lui ont saupoudré de la poudre de perlimpimpin adhérante, collé des ailes d'Icare, avec anti-brûlure au soleil, c'est cadeau . Pour résumer, l'album est une très bonne surprise, mélancolique sans être réglementairement mélancolique, de surcroît modeste, et qui a des airs de disque avec lesquels on fait ami-ami pour un petit bout de temps. Inutile d'énumérer les influences, elles sont évidentes sans l'écraser. Je maintiens que The Earlies ont des doigts de fées.

King Creosote, extrait de KC Rules OK: Locked Together (MP3)

Vous pouvez également télécharger un morceau sur son site.

Au fait, je ne sais pas quel est le vrai nom de King Creosote alors ce sera David, par commodité.

mercredi, septembre 21, 2005

In Bed With The Earlies


Chaque fois que je lis une critique des groupes qui me touchent, on les traite de Yes. Je suppose que c'est une insulte, je ne les connais pas mais je vais finir par les écouter, ainsi je me coucherai moins couillon.
C'est le cas de The Earlies, qui ont fait un album plus que respectable, inécoutable par votre petit frère (en tout cas par le mien).

Ils ont commis l'année dernière un album a faire dormir debout, une sorte d'opium musical tant par l'effet, stupéfiant mais pas endormant, que par le goût de revenez-y; un peu puis beaucoup. Si j'osais (j'ose), je dirais que leur son ressemble à celui de Tricky, la pop en plus et la paranoïa en moins. Un son éminemment psychédélique et désorientant. Ecoutez notamment One Of Us Is Dead, Song For #3 ou 25 Easy Pieces et vous entendrez tout ce que je pense confusément: on tient là le trio Brian Wilson, Van Dyke Parks et Gary Usher du vingt-et-unième siècle. Un essai à transformer, un nouvel album serait déjà enregistré.

J'ajoute qu'il constituent une équipe de producteurs assez efficace et renommée. Et assez efficace puisqu'il n'y a pas grand chose à voir entre le son des derniers King Creosote, Micah P. Hinson et le leur.


Extrait de These Were The Earlies: One Of Us Is Dead (MP3)

mardi, septembre 20, 2005

J'ai la guitare qui me démange...


Vous vous souvenez de cette guitare, doublée, quadruplée, centuplée. De ces deux voix, l'une masculine, l'autre féminine qui s'entremêlaient donnant des harmonies sorties de nulle part, qui faisaient houhou, puis hooooouuuugrmblfizzmmmmmmmmmmmmmmmmm(et caetera). Ils avaient des pochettes à tonalité blanches, roses.
Mais non, ce n'est pas Belle and Sebastian dont je parle, c'est de My Bloody Valentine.
Les années 80 sont à la mode, les groupes d'aujourd'hui reprennent le son new-wave. Au rythme où ça va, car tout va plus vite ma bonne dame, on va inévitablement être témoins d'ici six ans au revival Brit-Pop (se mordre la queue deux fois, quelle souplesse ce sera!),et entre les deux, on va bien finir par (re)passer par la fin de cette décennie (on dira qu'ils sont vraiment cons ces jeunes); on refera Psychocandy, Isn't Anything, Nowhere.

Vous ne le saviez pas mais je suis le fils de mâmesoleil, pas celui de Jackie, et si ce que j'avance est vrai, Serena Maneesh sont des précurseurs. De bons plagieurs Norvégiens, je ne dis pas plagistes car on ne peut pas se baigner en Norvège, il y fait trop froid. Par contre il doit y avoir une mer sacrément polluée, avec plein de plaques de pétrole, une eau noire et bleue; et ça donne des idées poisseuses.
Alors plagieurs, oui. Mais de talent. Et ils ont eu le bon goût de n'imiter qu' Isn't Anything ou Glider. Pas Loveless, ils ne sont pas suicidaires, et puis où aller après ça (même Kevin Shields ne l'a jamais su). Tout y est: les dissonances, le son de batterie, les mélodies, les harmonies façon Bonnie & Clyde furibards.

En extrait de l'album éponyme de Serena Maneesh: un-deux (MP3)

Et un petit lien vers leur site, et un autre vers leur label, où on peut en écouter plus.

lundi, septembre 19, 2005

Réveillez-vous!


Est-ce que quelqu'un pourrait dire que les Flaming Lips ont commis le meilleur album de ces dix dernières années avec The Soft Bulletin (1999). Non? Bon, je m'en charge.Un album aussi difficile à y entrer qu'il est impossible d'en sortir. Difficile parce qu'il y a un son banal mille fois fait avant (des ballades au piano), mais un brin de synthé, une rythmique diabolique, une perversion de psychédélisme, bien plus insidieux et au final plus puissant qu'au hasard My Bloody Valentine (j'ai vécu la sortie des deux de plein fouet, et oui je mets cet album bien au dessus de Loveless). Un son déjà entendu avant,des thèmes on ne peut plus bateau (la vie, la mort). mais jamais abordé comme ça, ils sont en état de grâce, ont un ton complètement différent de tout ce qui a pu se faire avant. Certains ont même bâti une carrière dessus (par exemple The Polyphonic Spree qui, même s'ils sont sympathiques copieurs, ne font qu'effleurer la complexité de cet album). Les Flaming Lips sont déjà ailleurs depuis un moment. Zaireeka était déjà complètement différent, à savoir quatre CD a écouter simultanément pour avoir la totalité de l'album (comment Warner a pu l'accepter reste un miracle inexpliqué, bien plus fort que l'apparition de la vierge à Melle Soubirou).
Ce qui me révolte et m'enchante le plus, c'est que cet album reste un secret plus ou moins bien gardé, qui aurait dû déclencher des milliers de vocations. Pourtant tel un album de Pavement, un truc impossible à imiter tant les émotions présentes sur le disque ne sont pas photocopiables. Comme l'a dit un ancien membre du groupe, le psychédélisme ne se résume pas à une pédale fuzz, autrement, les Warlocks serait le meilleur groupe du monde. Ne vous laissez pas avoir par le son propret de leurs trois derniers albums.
The Soft Bulletin est un disque invraissemblable,et les deux autres sont de petits classiques, en attendant At War With The Mystics.

En extrait de the The Soft Bulletin, deux versions alternatives, qui révèlent que ces chansons tiennent sacrément la route, même dénudées.

Race For The Prize (Eve Sessions), MP3

Feeling Yourself Disintegrate (Eve Sessions), MP3


PS: N'ignorons pas quand même les dix années qui ont précédé The Soft Bulletin. Le FL Houbablog fanclub Canal Historique ripostera.

dimanche, septembre 18, 2005

Message d'un amoureux déçu


C'est décidé, je ne remettrai un rond dans la musique électronique que quand LFO sortira un nouvel album. Et digne de ce nom en plus. On peut dire que Sheath fut le coup de grâce en ce qui me concerne.
Alors pour mon anniversaire qui arrive bientôt, je voudrais un album de musique électronique qui :


- soit énergique. Même si je n'ai plus trop de litres à suer sur les pistes de danses. Je voudrais quand même l'écouter à la maison. J'ai passé l'âge, merci bien. A moins que...
- mais soit quand même mélodique: même si j'ai toujours eu une tendance coupable pour Squarepusher et Kid 606, mes emballements n'ont duré que deux mois tout au plus. Et puis ça passe mieux en rentrant du boulot qu'en y allant.
- ne serve pas à décorer mon appartement stylé Habitat: Dimitri, Air, Kid Loco, Thievery Corporation. Passez votre chemin, vous n'êtes que des faiseurs pour qui l'attention publique n'a eu que trop d'indulgence. L'histoire vous a déjà remis à votre toute petite place.
- puisse m'émouvoir. Ben oui, LFO le faisait, Two Lone Swordsmen le faisait parfois, Stacy Pullen, Carl Craig l'ont fait à tour de bras, mais ils s'engluent. Derrick May aussi. Alors pourquoi plus maintenant?

Aphex Twin l'a fait mais il m'ennuie quelque peu depuis 97 (écoutez ses derniers EP, c'est assez quelconque).

Alors si quelqu'un pouvait sortir un truc de ce niveau là, ça pourrait me rendre un peu la foi. Si on l'a fait, éclairez ma lanterne.

LFO: LFO de l'album Frequencies
Je recommande également l'immense Advance

samedi, septembre 17, 2005

J'aime aussi la soupe

De temps en temps, je quand j'ai des fraises, je mets beaucoup plus de crème chantilly qu'il n'y a de fraises, J'y rajoute encore un peu de sucre parce qu' il ne me semble pas qu'il y ait assez de goût. Alors là, tout le monde me regarde d'un air réprobateur. J'ai un peu honte mais je m'en fous dans le fond: ils peuvent penser ce qu'ils veulent.
Ce qui est encore pire, c'est que j'aime bien Jimmy Webb. Pourtant, il y a assez de sucre dans ses chansons pour se faire rire au nez dans une convention de fans de Whitney Houston.
Je n'en suis pas très fier. Même ma copine le traite d'Elton John du pauvre, ça c'est dur. Pourtant, même s'il est difficilement supportable tout au long d'un album, il a écrit assez de pépites pour avoir droit à un petit alinéa en bas de page dans les livres d'histoire.
En extrapolant, on peut faire le parallèle entre Burt Bacharach et Jimmy Webb: les deux chantent comme des patates et écrivent divinement bien (Jimmy Webb chante bien mieux mais BB a dix fois plus de classe). Les deux sont nettement meilleurs quand ils écrivent pour les autres: citons Nancy Griffith, Glen Campbell, Fifth Dimension ou Hugo Montenegro pour M. Webb.
Bref, un plaisir honteux à n'écouter que quand vos camarades ont le dos tourné. Sinon, vous risqueriez la lapidation par vos pairs.

Nancy Griffith (& Jimmy Webb) If These Old Walls (MP3)

Jimmy Webb pf Sloane (MP3)

En album, Archive est une bonne introduction.

Je rajoute que ses deux fistons sévissent actuellement sous le nom de Webb Brothers sur lesquels je reviendrai bientôt.

PS: au cas où vous liriez ce post jusqu'au bout, allez faire un tour sur le blog de Tafu justement intitulé There's Always Someone Cooler Than You (voir à gauche). Il a un ton bien à lui, à suivre... Bon vent donc.

vendredi, septembre 16, 2005

Axis, Bold As Boognish


Et hop, un petit coup de Boognish et Dean et Gene se sentent prêts à bouffer du public. Y a-t-il des mongoliens dans la salle? Des enfants cancéreux? Des homos? Des Mexicains? Des français? Allez tous vous faire voir. Euheuheu.
Dean et Gene sont par delà le bien et le mal, les Bushistes et les libéraux bêlants qui pourraient leur trouver des circontances atténuantes.

Aucun plan de carrière derrière tout ça. Juste l'envie de ricaner bêtement.
Dean et Gene tiennent à remercier Timothy Leary et Pablo Escobar. Enfin surtout ce dernier pour toute l'inspiration qu'il a pu leur donner, surtout sur ce titre. Merci Pablo.

Ween: The Stallion Pt3 extrait de Pure Guava.


Tiens, j'en profite pour dire que vous pouvez télécharger des concerts d'eux, en toute légalité sur cet excellent site, pas tout à fait au point, mais ça va venir.

jeudi, septembre 15, 2005

Pentacampeao




Deux reprises rigolotes pour après-midi pluvieux





Come As You Are
par Caetano Veloso (MP3) sur l'album A Foreign Sound

Rebel Rebel par Seu Jorge (MP3) sur la BO de The Life Aquatic

Ils sont forts ces brésiliens. D'ailleurs, j'attends impatiemment Ma liberté de penser par Joao Gilberto ou Carlinhos Brown.

Golden Gram


Si le fusil de Kurt Cobain s'était enrayé, il jouerait aujourd'hui dans un orchestre de country, voire de techno-pop; il aurait chanté une chanson sur le dernier Chemical Brothers.
Si Jimi Hendrix avait dormi sur le ventre, il nous ferait chier avec son énième disque de Jazz-rock, en compagnie de John McLaughlin et Al Di Meola.
Si Jim Morrisson avait un peu moins bu, il serait devenu une vieille baderne ventripotente oubliée de tous nous bassinant comment c'était mieux avant et éditerait des livres de poésie à compte d'auteur..
Si John Lennon avait survécu aux balles, il chanterait à Live Aid avec les Beatles pas cancéreux pour notre plus grand malheur.

Si David Bowie était mort en 1980, il aurait largement dépassé dans l'inconscient populaire les gens cités en amont.
Si Elvis Costello était mort en 1986, il serait l'égal de John Lennon, mais là je m'égare.


Du coup, j'en arrive tout doucement à Gram Parsons, qui bénéficie outre-atlantique d'un culte totalement (in)justifié, mais moins sous nos latitudes.
Gram Parsons a perdu son père très jeune, et sa mère s'est vite remariée avec un coureur de jupons invétéré, qui n'était attiré que par les plantations familiales. Le petit Ingram Cecil Connor III a du transformer son nom en Ingram Parsons, prenant le nom du beau-père honni (il ne s'appele pas Graham, donc). Sa mère en crèvera et lui-même au moment de sa mort préfèrera qu'on le brûle dans le désert plutôt que son corps revienne à cette vieille ordure.
Parsons était un gosse de riche, un enfant gâté mal dans sa peau qui a essayé de détruire les Byrds. Ayant échoué, il créa The Flying Burritos Brothers, embarquant Chris Hillman dans ses bagages. Puis quand il en est devenu leader, il a préféré traîner avec les Rolling Stones plutôt que de se consacrer à son propre groupe. Lassé qu'il était par son jouet et incapable de jouer.
Nageant dans la dope, il a réussi l'exploit de se faire virer de son propre groupe avant de mener une carrière solo respectable, mais loin de ce qu'on était en droit d'attendre.

C'était donc un dilettante irresponsable, mais avec des convictions. Et des idées.
Son truc était d'imposer la Cosmic American Music. Un mélange de tout ce que d'après lui les Etats-Unis auraient produit de meilleur jusque là: Folk, Country, Soul.
C'est lui qui avait conduit les Byrds à changer le visage de la musique américaine. J'en ai déjà parlé ici. Il a même incité les Stones à changer leur son, notamment sur Exile On Main Street. Le premier album des Flying Burrito Brother reste un classique indémodable.
Mais le reste de sa carrière, moins. Autant certains de ses descendants ont pu être adorables et adorés, autant certains sont détestables. D'ailleurs, dans ses pires moments, il ressemble à un futur Toto tant son ambition Soul est mal digérée. Dans ses meilleurs, il est unique et indépassable.
Comme Hillman a pu le dire dans cette interview hilarante, Gram Parsons n'a écrit au maximum que quatre ou cinq bonnes chansons. Mais ce sont des classiques indélébiles.
Tout le reste n'est que fumisterie et apparat : il a porté des cheveux longs et mis des feuilles de cannabis sur ses costumes traditionnels de chanteur de country; c'est le premier à avoir osé cette provocation et sa dépouille en récolte les fruits aujourd'hui. Reste un talent gâché, passé à la postérité parce que mort jeune, mais à redécouvrir.
Il reste le premier à avoir donné une impulsion significative et déterminante pour montrer aux jeunes américains que leur patrimoine ne devait pas rester lettre morte, qu'il ne fallait pas opposer innovation et tradition.
Si seulement on pouvait en faire autant par ici. Quoi c'est déjà fait? Ah. Et pas bien bon en plus? Et bien persévérez. Moi je ne désespère pas.

En extrait:

Wild Horses(MP3)
C'est dommage, elle n'est pas de lui. Jagger et Richards l'ont écrite en pensant à lui. Parue avant l'originale. Une des plus belles chansons de tous les temps selon miche.

Hickory Wind (MP3)
Je fais du recyclage, je l'avais déjà mise à écouter sur un ancien post. N'empêche que lui ne s'est pas géné pour la reprendre tout au long de sa courte carriére alors pourquoi pas moi. Ecrite en pensant à son enfance, idéalisée, avant l'arrivée de son beau-père. Cette chanson vous aura à la longue.


A acheter:
The Byrds: Sweetheart Of The Rodeo.
Que dire de plus? Si, j'en ai déjà parlé .

The Flying Burrito Brothers.: rien sur internet à part cette compile. Si vous le voyez dans un bac à soldes, préciptez-vous sur The Gilded Palace Of Sin.

Gram Parsons (en solo): GP/Grevious Angel. Deux albums pour le prix d'un, inégaux mais recommandables.

mercredi, septembre 14, 2005

Rien à dire ce soir


Il me semble que j'écris comme je pisse depuis que j'ai commencé ce blog, une sorte de discipline que je me suis imposée chaque soir avec un nonosse en forme de MP3 pour le lecteur (pardonne-moi unique lecteur, mais au moins tu n'es pas sur un site de cul) et je sais que la panne d'inspiration me guette de plus en plus, notamment les soirs de Champions League. Alors je n'aurai qu'une chose à dire sans peur de me répéter: l'album le plus impressionant de ces trois derniers mois est haut la main Twin Cinema de The New Pornographers. Cet album, sous un apparent classicisme contient bien plus d'idées et d'enthousiasme que des hippies fatigués ou des sous My Bloody Valentine Norvégiens (pourtant pas mal).
J'ai parlé d'eux maladroitement ici. Je confirme que c'est un très bon album qui ne révolutionnera ni la musique, ni votre vie. Mais je ne lui demandait que d'accompagner les périodes où je glande: celles où je rentre du boulot, celles où j'ai envie de couper le son de la télé, etc..
Les Mp3 sont toujours sur le lien, j'en rajoute un ici.
The New Pornographers: The Bones Of A New Idol (MP3)

Pas l'album de l'année, un album ami pour la vie. Comme ceux de TFC en fait. Un de ceux qui vont rester gravés derrière le front sans qu'on le leur demande.

mardi, septembre 13, 2005

Mais qu'est-ce que ça peut bien être?


Ils ne se fument pas.
Ils ne s'avalent pas.
Ils ne s'injectent pas.
Vous voudriez les prendre en suppo,
vous n'y arriveriez pas.
Mais qui sont-ils?
Que veulent-ils?
La qualité irréprochable, camarades?

Même pas sûr: on a beau essayer de les plonger dans un bain d'acide, ils ressortent avec un sourire ultra-brite. La raie sur le côté par dessus le marché. C'est inquiétant.

N'achetez pas cet album: introuvable. D'ailleurs, le gros monsieur derrière son bureau ne le voulait pas et s'y est employé avec succès puisque je ne peux même pas vous trouver de lien marchand pour vous y référer. Beau travail monsieur.

Du groupe Oui Oui, deux extraits du formidable album Formidable (1991).

Mieux que ça (Mp3)

Formidable (MP3)

PS: on peut quand même voir clips et extraits de concert sur le DVD du batteur.

lundi, septembre 12, 2005

Le retour de Dédé


Le dernier Coco Rosie est une daube, tout le monde semble d'accord là dessus. Le premier l'était aussi mais là on ne va pas épiloguer. Non, la grosse déception de cette rentrée est bien Devendra Banhart, qui depuis qu'il m'a mis à genoux avec son premier album magique. Rejoicing In The Hands était quelque chose d'assez magique, du moins pour moi qui, avec ou à cause de ses imperfections semblait faire sortir du bois un des tons, une des voix les plus originales de ces cinq dernières années. Il y avait un son assez classique, et puis des tas d'influences (qu'il me semblait avoir) déjà entendues: Nick Drake, un poil de Pavement (sur Ploughkeepsie, par exemple). Tout ça on le constatait, mais impossible de dire que ça n'était qu'une somme d'influences bien digérées, au contraire de (remplissez cette case). C'est mieux que ça. C'est 2+2+2=10= 120 écoutes en moins de deux mois.
Le deuxième est sorti, un poil moins bien, le capital de sympathie est resté, mais le nombre d'écoutes a méchamment baissé.
Et puis est arrivée une compilation sur internet (Golden Apples Of The Sun) où il mettait plein de ses amis dans la lumiére qui venait de le toucher, sur laquelle on pouvait trouver Six Organs Of Admittance, Espers ou Vetiver: des découvertes pour la plupart d'entre nous, qui ne sont pas tombés dans l'oreille de sourds: gros coups de coeur pour ma part.
Sort Cripple Crow, volonté d'évolution: on met un groupe là où il n'y avait qu'une guitare et une voix remplissant l'espace. Soit.
Les White Stripes disent souvent que de ne jouer avec deux instruments est une contrainte qui permet de libérer leur créativité, derrière laquelle ils ne peuvent pas se cacher . Dans Cripple Crow, cette maxime se révèle tout à fait appropriée. La multiplication d'instruments ne se révélant qu'un cache misère pour des chansons sans idées, à l'exception de peut-être cinq ou six morceaux.
Mais sur vingt-deux, ça semble bien trop léger. A moins que son étrangeté soit soluble dans le nombre. Toujours est-il que froler l'auto-parodie au bout du troisième album, c'est dommage.

Quelques médias commencent à dire que cet album est un des évènements de la rentrée. Ne les croyez pas. Si évènenement il y eut, c'était en mai 2004. Passé le buzz, cet album sera vite oublié.

Extrait de Cripple Crow: Hey Mama Wolf (MP3)

Ecouter Golden Apples Of The Sun en streaming.

samedi, septembre 10, 2005

Le disque du crépuscule


Avant de me mettre au lit, de me mettre une bonne camomille ou/et un cognac derrière la cravate, j'adore écouter cette chanson qui me fait oublier l'espace de trois minutes la dure journée qui m'attend demain: le chat qui va me sauter sur les roubignoles à cinq heures du matin parce qu'il a faim, les gosses qu'il faudra lever, les tartines à beurrer, la Clio qui ne démarrera pas, les embouteillages sur le ring, la gueule des collègues, les francs sourires mais que j'en pense pas moins, la douce routine.

Cher unique lecteur, rends-toi bien compte que tu as droit à cette drogue légale,et c'est un océan de paix rien que pour toi mon ami. Allez, au pieu.

Jim O'Rourke: Ghost Ship In A Storm (MP3).

Sept heures cinquante, au milieu des gaz d'échappement et des coups de klaxon. Something Big (MP3) sur l' autoradio. C'est beau comme du Burt Bacharach, un rictus se forme sur la bouche, un sourire, Youpie!

Extraits de l'album Eureka. Album bien nommé.

vendredi, septembre 09, 2005

La seule bonne nouvelle de la journée

Elle est là, la bonne nouvelle, en sons, qui font de la musique et des mots.
Des sessions démo des (poussifs) albums du seul vrai Elvis, Spike et de McCartney, Flowers In The Dust alors qu'ils travaillaient ensemble, qui s'avèrent bien meilleurs que les résultats finaux.

On peut écouter tout ça ici, merci jefitoblog. Un blogue de vieux avec plein de goûts bizarres...
En attendant, Veronica (la chanson) m'a remonté le moral.

La nuit du mort-vivant


Si je devais faire un classement parmi tous les films que j'ai vus, Dead Man de Jim Jarmusch serait certainement dans mon top 3, voire mon top 1. Un film d'une incroyable richesse, d'une beauté à couper le souffle et qui supporte parfaitement la revoyure (dans mon cas, une bonne vingtaine de fois, je n'exagère pas).
Une des critiques de fans que j'ai lue sur un sur un site marchand que je ne nommerai pas disait qu'il aimerait donner ses yeux aux amis à qui il a montré le film pour qu'ils voient la même chose que lui. C'est un film ouvert à toutes les interprètations, dans lequel on peut projeter tous ses phantasmes.
Et puis il y a la musique de Neil Young, quasi improvisée alors qu'il voyait le fim pour la première fois. Ainsi, il y donnait une réponse émotionnelle par le biais de sa guitare. Et ça donne une ponctuation jamais vue/entendue dans le cinéma (à part peut-être dans Le Mépris, du couple JLG/ Delerue).
Pour le remercier, Jarmusch a tourné un documentaire sur lui intitulé Year Of The Horse. Bien, sans plus.
Le hasard du calendrier fait que les deux sortent leur dernière oeuvre quasi-simultanément.

Trois extraits de la bande originale du film Dead Man, dont deux grâce à ce site.

Extrait 1, 2 et 3 tous MP3.


A noter que Jarmusch a refait le même coup avec son film suivant: Ghost Dog, The Way Of The Samurai. Excellente BO assurée par le génial RZA, cerveau du Wu Tang Clan dont vous pouvez écouter un extrait en cliquant ou encore là,
re MP3.

jeudi, septembre 08, 2005

On refait le match


Alex Chilton va bien, merci pour lui. Ce ne sera qu'une pierre de plus à apporter à son édifice qui consiste à être toujours au mauvais endroit, au mauvais moment (cf: la Nouvelle-Orléans). Remarquez, lui s'en est sorti et accède à un minimum de reconnaissance grâce aux groupes qui ont vénéré Big Star, et aidé à nous les faire connaître. Si seulement sa sale aventure pouvait attirer un tant soit peu plus d'attention sur son oeuvre, ben ça ne serait pas foncièrement une injustice.
Le gros coup de pas de chance, son partenaire d'infortune, Chris Bell l'a connu jusqu'au bout. Vous connaissez Pierre Richard, Gaston Lagaffe? C'est le même mais sans un scénariste génial pour le sauver à la fin.
C'est lui qui réunit les musiciens de Big Star avant sa rencontre avec Alex Chilton. Puis il s'est engueulé avec son Prunelle de chef dès la fin du premier album et est parti en claquant la porte, sans se faire créditer sur le second. Chris Bell décide alors de rejoindre un autre groupe, juste le temps de voir que ça ne lui plaît pas et au bout de six mois se lance dans une carrière solo.
Là où le scénariste aurait pu mieux faire, c'est quand il se plante en plein dans une cabine téléphonique, en 1974.
Quelques répet' enregistrées à la va comme je te pousse et puis c'est tout. Aucune compagnie de disque ne voudra publier cet album (du moins ces démos); jusqu'en 1992. Petit coup de mieux, l'époque aidant, TFC et The Posies surfant sur une mini-vaguelette, Ryko décide de rééditer tout ça.

Et alors là, grosse claque. Cet homme était en train de faire un des plus grands disques maudits de l'histoire du rock. Les voix mal enregistrées et la production approximative sont là pour en témoigner. Sa voix à la limite du hurlement, ses compositions font deviner un artiste qui aurait pu être essentiel. On peut toujours supputer, ce qui est aussi bon, c'est qu'il n'a même pas eu le temps de nous décevoir, juste le temps de faire de très grandes promesses.

Chris Bell: You And Your Sister MP3 (je pèse mes mots, un chef-d'oeuvre. Mauvais coucheurs allez vous faire voir, je ne supporterai aucune critique).
Chris Bell: Speed of Sound(MP3)

qui a d'ailleurs donné son nom à l'album du même nom.

Oui mais attention, Alex Chilton a fait d'excellents albums par la suite avec Big Star, dont l'immortel Third/ Sister Lover.

mercredi, septembre 07, 2005

Presque tout bon


Il me semble que j'avais dit mauvaise foi, non?
Alors voilà: Goldrush est l'un des meilleurs groupes anglais du moment. Point barre. Les Delgados étaient Ecossais (de Falkirk il me semble) et se sont séparés, les autres? Ben je vois pas, bien que je me rende compte que je suis (un poil) de mauvaise foi, mais pas tant que ça.
Ils ont fait la première partie de la tournée américaine de Mark Gardener (l'ancien leader de Ride). Premier trés bon point.
Ils ont continué avec celle des Flaming Lips, deuxième très bon point.
Ils se sont fait produire par Dave Fridmann (euh...Mercury Rev, mais aussi les Flaming Lips, les Delgados). Troisième très bon point.
Ils viennent d'Oxford, ville morne (je le sais, j'y ai habité) qui a donné au rock Ride, Supergrass, Radiohead. Pas un mauvais point.
Ils seraient influencés par les Byrds, alors là, très très bon point. Faudrait encore choisir l'album, eux ont choisi les albums du début.

Et vouaive, mais bon, ça ne garantit rien et effectivement, à l'arrivée c'est comme un ascenceur au rugby: on a beau avoir des géants qui vous soulèvent, si on mesure 1,60 m, c'est plus délicat de choper la balle. Bref, ça ne tient pas la route tout le temps, mais ne perdons pas espoir. Une équipe qui promet vient de délivrer une copie correcte.
De temps en temps, Goldrush y arrive par la ruse, agile comme pas possible, tel un Laurent Cabannes du rock Anglais. Des qualités au dessus de la moyenne, mais qu'une fois tous les trois matches. Et quand ils y arrivent, ça vole très haut.

Vous pouvez télécharger deux extraits de leur album ici (attention lien pas direct, merci Insound).

PS: si vous voulez des détails descriptifs et / ou techniques sur l'ascenceur au rugby, vous pouvez m'écrire ici, ou à la FFR pour savoir qui est Laurent Cabannes.

mardi, septembre 06, 2005

Le Sid Vicious Dauphinois


Oubliez cette pauvre buse de Doherty, quite à tendre le bâton pour me faire battre, autant mourir comme Mandrin. Grand bandit du 18ème siécle et l'un des brigands les plus célèbres de notre histoire, Mandrin a fait mouiller sa culotte à plus d'une de nos ancêtres (seigneur, pardonnez-moi cette vulgarité). Sa mort fut particulièrement horrible, ses exploits retentissants dans le Dauphiné, puis la France entière. Ses frasques l'ont rendu immortel, chez ceux qui aiment la poudre et le stupre.
Mais il y a aussi une des plus belles chansons de la langue française, mélancolique et mauvaise comme la gale, qui a contribué à le faire vivre jusqu'à aujourd'hui, qu'on peut retrouver sur cet album incroyable; incroyable malgré les roucoulades de cet interprète, plus grand retourneur de veste et trousseur de jupes de tous les temps, néanmoins bourré de talent.

Chansons populaires de France par Yves Montand.

La complainte de Mandrin (MP3)

dimanche, septembre 04, 2005

Pour nous les hommes


J'ai un bouton qui me démange sur la joue gauche. Et en lisant ça, ça m'a rappelé mes années douloureuses. Celles de l'acné justement, celles où je n'aurais pu envisager regarder une fille dans les yeux sans qu'elle me les regarde (les joues,vous vous doutez bien). Années douloureuses s'il en est. Le lot d'humiliations quotidiennes a continué, mais les boutons se sont estompés, la peau s'est durcie, comme du gruyère. Et les humiliations passent désormais bien au dessus de mon crane dégarni (enfin presque tous les jours).
Et puis j'écoute ça. Et en écho au formidable post d'Indie Boy, je me revois avec ma mélancholie rédhibitoire de l'époque, je me sens tout chose. Je croyais m'en être débarassé. Et voilà que ça me reprend. Je suis con quand même!

Swervedriver:
Pile Up (1991, Mp3)
Rave Down (1991, Mp3)

Aimer ces chansons pas glop mais querelleuses, c'est une grosse tendance à l'auto-apitoiement. C'est bon! J'adore ça! C'est dimanche soir. Bonne soirée à tous!

PS: merci au bon Brother Roger de m'avoir fait connaître ça (Swervedriver, pas la mélancolie), il y a quelque temps. Brother dont un MP3 est toujours écoutable .

Arrête ça, j'ai mal à la tête!


Attention, loin de moi l'idée de faire une critique un tant soit peu intelligente et constructive sur l'oeuvre de Steve Reich. Je me place du point de vue du néophyte, qui aime, sans trop savoir pourquoi il aime. Il n'empêche que ça fait un moment que je l'aime; et que ce monsieur, ça fait un moment que je le retrouve sur pas mal de mes disques préférés, de Tortoise à Sufjan Stevens (vous savez, les motifs de xylophone répétitifs) en passant par certains groupes médiocres qui, avec une grande originalité, ont samplé trente secondes d'Electric Counterpoint, ajouté un beat mou du genou dessus, et se sont bâti une carrière avec ça. Bravo The Orb!
Steve Reich fait partie de l'école dite minimaliste de New York, à laquelle sont associée des gens tels que Phil Glass (dont je vous recommande la reprise symphonique de Heroes, de Bowie) ou John Adams. Son truc, c'est de bâtir un canevas répétitif, sur lequel vient se superposer le même canevas, légèrement décalé, puis un autre, puis un autre. Puis le premier va très légèrement se modifier, au bout de quelques minutes, et le moindre changement va prendre des proportions énormes, bousculant le ton du morceau, sa couleur, ou sa tonalité émotionnelle. Car oui, il y a beaucoup d'émotion dans cette musique: on n'est pas devant un théoricien froid dont la musique serait reservée à une poignée de musicologues avertis.
C'est une musique incroyablement accessible, qui a pu toucher toute une palette d'amateurs de musique(s), de l'amateur de Rock à celui de Techno (ou de n'importe quoi d'autre, d'ailleurs).
Son oeuvre passe de projets purement théoriques (l'analyse de musiques ethniques ou travailler avec des bandes magnétiques) en projets plus émotionnels (Different Trains, qui parle de l'holocauste ou City Life, sur New York).
Quelques extraits parce que ça me semble assez abstrait ce que je raconte:

Un extrait de Music For 18 Musicians (1976, MP3)

The Desert Music I, II, III
(MP3).
Pour avoir le reste, vous pouvez fouiner ici.


Enfin, je recommande particulièrement pour une petite introduction:
Different Trains/ Electric Counterpoint (paru en 1987)
Music For 18 Musicians

Et un petit lien vers son site où on peut voir quelques vidéos.

Je rajoute une petite citation, peut-être un petit truc qui semble me manquer à la musique contemporaine, simple point de vue de néophyte (j'y avais été exposé petit. Toujours détesté.)

"...in serial music, the series itself is seldom audible... What I'm interested in is a compositional process and a sounding music that are one in the same thing."
Je traduis en trahissant: les séries (référence à la musique sérielle), il vaut mieux les entendre en sons que de les voir sur partition. Paf, dans tes dents Boulez!

Ceci dit, il paraît que Stockhausen est très bien. Quant à l'école française... paraît que Balladur aimait bien.

samedi, septembre 03, 2005

Non!

Je viens d'apprendre ici qu'on est sans nouvelles d'Alex Chilton, le leader de Big Star, disparu après le passage du cyclone Katrina. Ce dernier habitait dans le French Quarter, dévasté depuis.
Le groupe doit faire paraître un nouvel album à la fin du mois (c'est accessoire, je sais).

Pour plus d'infos, vous pouvez aller voir par ici.

Le tout premier post du monde en odorama.


Parfaitement, je le jure. Si vous vous penchez vers vos haut-parleurs, vous sentirez l'haleine du mec qui vient de fumer son paquet de goldos pendant la nuit (son troisième en trente-six heures, quand même) et de s'enfiler une bouteille de scotch au goulot. Notez qu'il s'est faché avec sa brosse à dents depuis qu'il est levé, il y a trente-six heures, donc. Quelques amphètes ont aidé. Ca aide à se tenir assis, là, maintenant.
Sauf que là, l'effet s'estompe; mais pas assez pour aller se coucher. Un entre deux brumeux, insatisfaisant. Six heures vingt-cinq du mat', seul, dans sa cuisine. Les coudes sur la table et les mains dans les cheveux, les tempes frémissantes. Dans pas longtemps, d'honnêtes gens prendront leur bagnole pour aller travailler, c'est lundi matin. Et pourtant Mark n'a pas besoin de se lever tôt.
Un petit topo sur lui nous révèlerait: vie pleine de satisfactions professionelles (bien qu'il se sente parfois dans l'ombre), des tapes dans le dos. Une vie de rock-star, enviée par tous, mais pour lui un métier de tricheur(s). Mark se sent triste, seul, vide et inutile.

Mark Lanegan
One Hundred Days (MP3)
Extrait de Bubblegum (2004)

Remarquez, à sa place, je me sentirais pareil, ça ne sert à rien une rock-star. C'est cliché par dessus le marché: se mettre dans des états pareils, ça impressionne qui?
Perso, mon gros vice, c'est une tranche de Roquefort avec un petit côtes pour faire passer. Chacun le sien, je respecte. Et j'aimerais bien rêver au sien, pas les moyens ni le talent.

Ecouter un titre de Mark Lanegan, c'est un peu cette sensation déglinguée, sans le roquefort salé, mais avec l'amertume. L'ancien leader des Screaming Trees, intermittent chez QOTSA est le plus proche actuellement de ce qu'aurait pu faire un Nick Cave pas devenu chiant. Je trouve que ses effluves sentent bon vues de loin.

jeudi, septembre 01, 2005

Elvis Costello: You are Always On My Mind


Le problème de cet Elvis là, c'est qu'il n'est pas mort. Qu'il n'a pas eu de groupe qui se serait séparé et dont on se rappellerait avec tendresse, en passant affectueusement sous silence la carrière solo du chanteur, bien mais pas top (n'est-ce pas, M. Malkmus?)
Pourtant, Declan McManus dit Elvis Costello a bien eu un mérite: réhabiliter la paire de lunettes dans le rock, plus vue avant lui depuis Buddy Holly et reprise avec goût par un des Membres de They Might Be Giants, puis Rivers Cuomo de Weezer.
Cet accessoire lui a assuré l'intérêt, puis la trop longue indulgence d'une grosse partie des rock critics des années quatre-vingt, séduits par le look atypique et les textes du bonhomme, et puis ses chansons aussi, quand même.
Avant de devenir un gros lard ennuyeux,il a aligné les albums impeccables de, disons 1977 avec My Aim Is True à 1986 (King Of America), flirtant avec la New Wave dont il était un des étendards, la Country, la pop symphonique, le r'n'b façon Motown. Petit zébulon de l'époque, le plus souvent accompagné de ses Attractions, il a façonné un ton bien à lui, fait de mélodies sautillantes, d'arrangements surprenants, et de textes doux-amers.

Discographie sélective:
This Years Model (1978) où il enfile, tel un Buddy Holly New Wave des perles pop énervées. Peut-être son meilleur. Un classique en tout cas.
Armed Forces (1979), qui inclut le classique Oliver's Army.
Get Happy (1980), son album Motown.
Imperial Bedroom (1982) avec cordes et hautbois.
King Of America (1986), petits commentaires acerbes sur les USA, et des morceaux de pedal-steel dedans.

Le reste de sa carrière a vu quelques fulgurances, trop éparpillées. Il s'est perdu en projets vains (son album avec Burt Bacharach) ou boursouflés de prétention (The Juliet Letters, enregistré avec un album à cordes).
Extrait de Trust (1981): Watch Your Step (MP3).
Extrait de This Years Model: The Beat (MP3).

PS: N'oublions pas que deux de ses chansons ont donné leurs titres à des livres qui sont devenus des petits classiques: Less Than Zero (son premier single) de Bret Easton Ellis et High Fidelity (excellente chanson, sur Get Happy) de Nick Hornby.
Et j'ai oublié de parler de Shipbuilding, avec une participation de Chet Baker, sur l'album Punch The Clock (1984), une chanson extraordinaire. Au pire, procurez-vous un Best of, mais les albums mentionnés en aval en valent vraiment la peine.

Joli coeur


The Byrds: Sweetheart Of The Rodeo
Un gros post pour reprendre l'histoire des Byrds là où je l'ai laissée: en 1968. Notorious Byrd Brothers vient de sortir, le batteur et David Crosby se sont barrés en plein milieu des enregistrements. Cet album, quoique pas toujours réussi expérimente dans tous les sens: première utilisation des synthés Moog de l'histoire, chansons anti-guerre, psychédélisme toujours plus affirmé et tout le toutim.
Sentant l'auto parodie les guetter à grands pas et réduits à trois, Mc Guinn sait qu'il faut aller ailleurs. Nouveau grand projet, donc. Un double album pharaonique qui couvrirait toute l'histoire de la musique américaine, du Bluegrass à la Country, en passant par le Blues et le Jazz (qu'ils pensaient avoir effleuré avec Eight Miles High!!!); album qui serait fait de reprises, spécialité maison.
Mais à trois, pas facile, il faut du sang neuf: ça tombe bien, Chris Hillman, le bassiste vient de rencontrer un petit jeune à sa banque, un dénommé Gram Parsons, pourtant déjà pris dans son propre groupe,The International Submarine Band. Très vite intégré au groupe, les deux vont sympathiser au point de comploter contre McGuinn, projetant de prendre le contrôle du groupe et le virer. Il n'en sera rien.
Parsons, l'arriviste dilletante, va prendre de l'assurance, et le génie des quatre autres (un nouveau batteur est arrivé entre temps) est de l'avoir laissé s'exprimer.
L'album va se concentrer sur des reprises Country.
Il faudrait se rappeler qu’à l'époque, il y avait deux mondes: les traditionalistes et les dangereux révolutionnaires. Les Byrds appartenaient à la deuxième catégorie et les premiers, largement majoritaires, écoutaient de la Country et, en schématisant, avaient silencieusement approuvé les assassinats de Martin Luther King et Bobby Kennedy. La majorité qui a après porté Nixon au pouvoir. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les deux mondes s'opposaient.
Et un groupe qui s'est fait connaître en reprenant des chansons de Dylan (popularisant par ailleurs ce dernier) était plutôt "marqué" politiquement. Leur pari tenait du suicide, ou du coup de génie.
Sweetheart Of The Rodeo est sorti de ces sessions. Plus country que ça, tu meurs. Son à l'ancienne, voire parodie de Lucky Luke, l'album rebute par endroits pour l'oreille d'aujourd'hui, ne se laisse pas apprivoiser facilement. Composé exclusivement de reprises de chansons traditionnelles américaines, moins une reprise de Dylan, pour ne pas effrayer le chaland; et de deux compositions originales de Parsons, déchirantes, dont l'accessible One Hundred Years From Now et Hickory Winds que Parsons devait originellement chanter, l'une des chansons les plus tire larmes que je connaisse (pour l'anecdote, il en a été empêché par Lee Hazelwood à cause d'un contrat d'exclusivité signé pour son ancien groupe).
Mais tout le génie des Byrds, au fil des écoutes, se retrouve dans cet album, celui de l'arrangement, grâce à Gary Usher (le producteur, mort récemment, également responsable du son de certains des meilleurs albums des Beach Boys) et aussi celui de McGuinn qui troque sa fantastique Rickenbacker, pourtant jamais trop bavarde, pour un banjo.
L'album se révèle un chef d'oeuvre, qui vous a à l'usure malgré certaines fautes de goût (The Christian Life, chanté avec l'accent des Appalaches, avec la finesse de Michel Leeb imitant l'accent africain).Et une drogue dure. Je dirai même qu'il s'agit de leur meilleur album, puisque c'est la première fois qu'on sent une vraie cohésion chez eux, les autres étant trop en montagnes russes.
Le résultat (commercial): un bide. Une quasi-séparation pour les Byrds dont il ne restera que le seul McGuinn. Hillman et Parsons s'en iront fonder The Flying Burrito Brothers (dont je parlerai un peu moins longuement, je le jure). Mais les conséquences se sont faites sentir à bien plus long terme sur la musique américaine, pour le meilleur et pour le pire. Pour la première fois, on a pu associer Country et Rock sans avoir l'air d'un arriéré. Pas de pedal steel sur vos albums préféres sans eux. Quoiqu'on dise de cet album (j'ai vu Herman Dune le critiquer sur le site du Monde récemment, rrrrrrrrr..., fumistes!), il n'y aurait certainement pas eu d'Eagles (remarquez, personne ne l'aurait regretté), de Will Oldham, de Tarnation, de Sparklehorse, de Lambchop, etc...
Même sans eux, cet album tient largement la route tout seul. En fait, un de ceux que je chérissais secrètement, jusqu'à aujourd'hui, où je fais mon coming out.
Deux extraits choisis, en évitant soigneusement One Hundred Years From Now, trop facile. Achetez cet album, chérissez-le.

Deux malheureux extraits:

Hickory Winds (MP3), une des deux seules compos originales de l'album, par Gram Parsons.
You Don't Miss your Water (MP3), une des chansons dont ma tête n'arrive pas à se débarasser.

J'aurais pu mettre tout l'album, mon humeur change. Il a fallu trancher en cette fin de mois d'août. En Janvier 2012, ça aurait été différent.